Jour de pluie ( à ma fille)
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C’est un jour de pluie dans les rues de Paris
Un jour sans nom, sans date , sans ennui
Je prends un café sous le paravent d’une brasserie
Les gens passent et se cognent contre les parapluies.
C’est un jour comme un autre, peut être un samedi
Mais je voulais te dire justement aujourd’hui
Toutes les choses tues , ce qui n’est jamais dit
Celles qui tournent dans le silence comme des ombres à minuit.
D’abord que je t’aime, mon ange, ma tendre, ma fragile
Que j’ai eu peur mille fois de te perdre dans cette vie
Je te porte en moi, tu sais , c’est facile
On s’est connu petit, ensemble on a grandi .
Mais j’ai honte parfois d’être dans ce monde ci
Et de n’avoir rien fait que compter toutes les nuits
Comme un long défilé de misères qui s’enfuient
Vers le désert d’une terre qui ne porte plus de fruit.
J’aurai voulu mon ange t’offrir un monde juste
Où chacun a le droit de relever le buste
De regarder l’existence droit dans les yeux
Quelque soit son pays, sa couleur, son milieu.
Mais il y a les guerres, les famines, les disputes
Qui n’en finissent pas et jamais cette lutte
Pour survivre ici-bas n’a été plus injuste.
On dirait que les hommes comme des enfants idiots
Oublient toutes les leçons de l’horreur et du vide
Les trains de marchandise ou des frères en bestiaux
Etaient menés dans la brume vers des fourneaux avides,
Tous ces champs de bataille où nos pères livides
Perdaient le sang du monde par la gorge tranchée,
Imagine le nombre des enfants à venir
Qui ne sont pas venus, mort né dans les tranchées.
Et tous ces peuples heureux qu’on a privé d’avenir
Pour de fumeuses pensées, des idées de délire
« La mort est mon métier » dit l’homme à son miroir,
Mais qui se dresse encore pour reverser l’espoir ?
Nous sommes tous si loin de nos propres histoires
Des singes imbéciles agitant nos grimoires
Nous laissons notre terre à des poignées de fous
Et la terre est malade et se meurt avec nous….
Toi, tu es la jeunesse , la force qui revient
Serai je encore un homme si demain je m’abstiens
De te dire ,mon amour, ne fait pas comme moi
Rêve d’un monde beau et pour lui
bas toi.
C’est un jour de pluie dans les rues de Paris
Un jour sans nom, sans date , sans ennui
Mais je voulais te dire justement aujourd’hui
Toutes ces choses tues , ce qui n’est jamais dit....
à ma fille
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Lio.D, décembre 2008 , jour de pluie